Après quatre ans, notre initiative d’excellence a été confirmée par un jury international. Nous allons pouvoir bénéficier de financements pérennes pour des projets d’excellence, sans durée limitée. Un succès parce que nous avons joué collectif.
Après deux ans de gestation, nous créons, avec les quatre autres universités du Rhin supérieur – Karlsruhe, Mulhouse, Freiburg, Bâle –, le Campus européen. Un succès parce que là encore, nous sommes convaincus de la force du jeu en équipe.
Comment ne pas reprendre les mots de cette étudiante, « Seul, on va plus vite, ensemble on va plus loin », qui ont fait écho à ceux de Carlos Moedas, commissaire européen, « La recherche ne peut plus avancer dans une seule discipline, un seul pays et une seule université. La recherche doit s'affranchir de toutes les frontières, physiques et intellectuelles » !
Deux succès majeurs à dix jours d’intervalle. Chacune d’elle illustre l’espoir d’un avenir basé sur le développement de la connaissance. Dans les deux cas, nous sommes passés du désir d’excellence à notre capacité à la concrétiser. C’est un travail de tous les instants et sur le temps long.
Au travers de ces deux projets, nous continuons à dépasser nos limites, nos frontières. Nos ambitions s’ancrent dans deux convictions. La première réside dans notre volonté à regarder toujours plus loin, à construire les fondations de nouvelles connaissances sur une nécessité, l’ouverture. La seconde c’est que l’excellence ne peut se concrétiser que si nous avons la volonté de jouer collectif.
Ces deux événements majeurs ne résonnent pas pour nous-mêmes, ils marquent notre participation active à semer les graines d’un monde où la connaissance, partagée, est motrice pour ouvrir les horizons et pour dépasser ses propres limites. Ils nous invitent à repousser nos peurs pour aller de l’avant. L’Université de Strasbourg forme le vœu qu’au cœur de l’Europe, au cœur de l’espace rhénan, Eucor – Le Campus européen, notre campus d’excellence soit un vivier permanent de création et de partage de connaissances, un lieu d’échange d’idées et de cultures. Ce que nous voulons transmettre, c’est bien une vision du monde inspirée de l’humanisme rhénan, qui nous a été légué par ceux qui ont sillonné l’espace rhénan à l’aube du 16e siècle. Ils ont fondé nos universités, sachons aujourd’hui fonder une Europe fidèle à leur idéal ! Nos initiatives portent ces ambitions, pour les générations du futur.
Alain Beretz, président de l'Université de Strasbourg
Projet-phare d’Eucor, le Campus européen a été inauguré mercredi 11 mai en présence des représentants de ses cinq établissements membres*, du commissaire européen à l'Innovation et à la Recherche, Carlos Moedas, et de Thierry Mandon, secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur et à la Recherche. Étaient aussi présents enseignants-chercheurs et étudiants, ses meilleurs ambassadeurs.
Des intermèdes musicaux mettant à l’honneur les compositeurs français Fauré, allemand Brahms et suisse Huber, les drapeaux des trois nations encadrés des étoiles et du bleu européens... Les symboles choisis pour jalonner l’inauguration du Campus européen sont forts. Tout autant que ce qui se joue ce mercredi 11 mai. Les mots prononcés portent haut dans la majestueuse aula du Palais universitaire. Ceux de Carlos Moedas, commissaire européen à l’Innovation et à la Recherche. Il affirme avec conviction que le Campus européen « fait vivre l’idée politique de l’Europe ». Ceux d’Alain Beretz, qui évoque « un campus modèle pour des projets menés à l’échelle européenne, à la pointe de la recherche ». Ou encore ceux de Thierry Mandon, qui portent l’idée de « renouer avec l’Europe ouverte, créatrice d’avant 1914, celle de Stefan Zweig ».
Schiewer: We want to become a model for cross-boarder research.@unistra @UniBasel @UHA68 @KITKarlsruhe @UniFreiburg pic.twitter.com/Tc3SSUwjMb
— Eucor (@eucor) 11 mai 2016
« La diversité décuple l'excellence »
Lors de la table-ronde qui s’ensuit, Carlos Moedas insiste longuement sur le courage qu’il a fallu aux responsables des cinq universités françaises, allemandes et suisse pour mener à bien ce projet transfrontalier. « C’est prouvé scientifiquement que les projets de recherche collectifs et transnationaux décuplent l’excellence des résultats académiques. La diversité ne peut que bénéficier à la science, et la diversité du Campus européen, c’est sa grande force. » À l’appui de ces dires, Alain Beretz évoque le potentiel de cet espace de coopération trinationale pour le développement économique. Ce qui pose nécessairement la question de l’attribution de financements nationaux à un groupement transnational : Thierry Mandon s’engage à interroger les règles actuelles pour « dépasser les frontières ». Le défi est maintenant de faire tomber les barrières, non seulement administratives, mais aussi intellectuelles, complète la chercheuse Luisa de Cola, professeur à la fois à Strasbourg et Karlsruhe, qui témoigne de « l’enrichissement apporté par cette double appartenance ».
Un premier #campus européen qui renforce les collaborations Allemagne-Suisse-France. Bravo ! https://t.co/oJUjOZ0E7j
— Najat Belkacem (@najatvb) 11 mai 2016
« Vous ne parlez pas allemand ? Partez en Allemagne ! »
Prolongement de cette inauguration, trois personnalités intimement liées à la construction d’Eucor - Le Campus européen ont été décorées des insignes de docteur honoris causa de l’Université de Strasbourg : Horst Hippler, physicien, président de la Conférence des recteurs d'universités allemandes, ancien recteur du Karlsruher Institut für Technologie (KIT) ; Antonio Loprieno, égyptologue, ancien recteur de l'Université de Bâle et Hans-Jochen Schiewer, germaniste, recteur de l'Université de Fribourg. « À travers leur mérite scientifique, mais aussi leur engagement à faire vivre et développer la coopération transfrontalière, ils font honneur aux valeurs de l’université », les a ainsi introduits Alain Beretz.
Le mot de la fin est pour Audrey Dujardin, jeune diplômée du cursus binational Regio Chimica (UHA-Université de Fribourg) : « N’ayez pas peur de partir. Vous ne savez pas parler allemand ? Partez en Allemagne, vous apprendrez ! »
Elsa Collobert
* Les universités de Strasbourg et de Haute-Alsace pour la France, le Karlsruhe Institut für Technologie et l’Université de Fribourg-en-Breisgau pour l’Allemagne, et l’Université de Bâle pour la SuisseLa Conférence des recteurs et présidents des universités du Rhin supérieur est créée à l’initiative de Pierre Deyon, alors recteur de l’Académie de Strasbourg (1981-1991).
Le premier cursus trinational, qui concerne la biotechnologie et réunit les universités de Bâle, Fribourg, Karlsruhe et Strasbourg, est créé. Le pôle strasbourgeois de ce programme trinational, l’École supérieure de biotechnologie, est basé à Illkirch.
La convention commune fondatrice est signée à Bâle entre les sept universités historiques (Bâle, Fribourg, Karlsruhe, Mulhouse-Colmar, Strasbourg : Louis-Pasteur, Marc-Bloch et Robert-Schuman).
Quelques étudiants de la faculté d’économie du Karlsruher Institut für Technologie (KIT) créent le Tour cycliste Eucor : il commence à Karlsruhe, pour se diriger ensuite vers les autres villes d’Eucor (Strasbourg, Mulhouse, Bâle et Fribourg).
Le Campus européen obtient son approbation officielle à travers la remise de la notification d'autorisation du "Groupement européen de coopération territoriale" (GECT) par Bärbel Schäfer, présidente du Regierungspräsidium Freiburg, à Hans-Jochen Schiewer, président d'Eucor – Le Campus européen.
À l'occasion d'une manifestation intitulée « D’Eucor au Campus européen », les perspectives et les défis de la coopération des universités du Rhin supérieur sont discutés en présence de 70 participants.
117 000 étudiants
11 000 doctorants
33 000 employés
16 000 enseignants-chercheurs
2,3 milliards d'euros de budget
130 institutions, écoles et établissements d'enseignement supérieur
L’Université de Strasbourg vient de mettre en ligne une nouvelle version de son site web en allemand*. Les contenus ont été revus, réorganisés et étoffés pour plus de simplicité et d’accessibilité à l’information pour un public d’étudiants, de chercheurs et de partenaires germanophones.
Destinée à mettre en avant les multiples projets, cursus et coopérations franco-allemands de l’Unistra, la version allemande du portail unistra.fr comprend une rubrique dédiée à Eucor - Le Campus européen, projet trinational et transfrontalier des universités de Fribourg, Bâle, Strasbourg, de Haute-Alsace et le Karlsruher Institut für Technologie. D’autres rubriques couvrent l’ensemble de l’offre de formation et de recherche franco-allemandes disponible à l’Unistra, la vie des campus avec des informations pratiques destinées aux étudiants ainsi que des informations générales sur l’Université de Strasbourg. C’est toute l’actualité franco-allemande qui animera ce site, mais aussi la construction du Campus européen aux couleurs internationales.
Miriam Hagmann-Schlatterbeck
*Ce projet est financé par l'Initiative d'excellence du programme Investissements d'avenir.
Fondé en 1989, Eucor est entré depuis deux ans, avec son projet-phare Le Campus européen, dans une phase de redynamisation afin d’accomplir l’ambition qui a toujours été la sienne : faire de la région du Rhin supérieur un pôle d’excellence scientifique, par-delà les frontières. Entretien avec Joern Pütz, vice-président délégué aux relations franco-allemandes, et Aurelle Garnier, coordinatrice Eucor – Le Campus européen.
Eucor a été créé en 1989 : quel a été le chemin parcouru depuis ?
Aurelle Garnier : Une chose importante à souligner, qui n’a pas changé : Eucor – Le Campus européen reste constitué de ses cinq établissements fondateurs, les universités de Strasbourg et de Haute-Alsace pour la France, le Karlsruher Institut für Technologie et l’Université de Fribourg-en-Breisgau pour l’Allemagne, et l’Université de Bâle pour la Suisse.
Joern Pütz : Entre 1989 et 2014, la coopération fonctionnait, mais le réseau n’était pas vraiment structuré. De même pour la mobilité étudiante : seulement quelques centaines concernés par an, sur un total de 115 000 étudiants. Avec l’idée de mettre en place un véritable campus européen, annoncée par le président de la République François Hollande à Strasbourg en janvier 2014, on a institutionnalisé la volonté d’aller plus loin dans la constitution d’un pôle d’excellence internationale, scientifique et académique. Avec Alain Beretz, nous avons contribué à son élaboration en assistant aux réunions préparatoires, deux ans en amont. Jusqu’à l’approbation par les instances politiques et la signature des établissements, qui consacrent juridiquement l’existence d’un Groupement européen de coopération territoriale (GECT), en janvier dernier.
Quels sont les moyens du Campus européen pour favoriser la coopération universitaire ?
A.G. : Nous cherchons à abolir les obstacles administratifs et simplifier les procédures, qu’il s’agisse de mobilité étudiante, d’enseignants-chercheurs ou de personnels administratifs, d’accès à des financements pour des projets de recherche ou des cursus bi- voire tri-nationaux. Il s’agit aussi de faire tomber les barrières en termes de connaissance mutuelle, ce qui passe par un important travail de communication. Une formation a par exemple été mise en place pour présenter les systèmes d’enseignement supérieur des trois pays partenaires.
J.P. : Le Campus européen s’est doté depuis deux ans d’une équipe à même de poursuivre ces buts, avec un coordinateur chargé de faire le lien entre les cinq universités. À Strasbourg, quatre personnes, dont Aurelle Garnier depuis janvier 2015, travaillent à temps plein pour ce projet. Signe de la priorité du dossier : d’un poste de chargé de mission aux relations franco-allemandes, j’ai été nommé vice-président délégué sur cette thématique par Alain Beretz, en septembre 2014.
Quelles sont les priorités du Campus européen aujourd’hui ?
A.G. : Pour nous structurer, il nous faut d’abord dresser un état des lieux transversal de ce qui se passe dans chaque établissement. Pour cela, nous bénéficions d’un financement Interreg de 2 millions d’euros* pour la période 2016-2018.
En accroissant la connaissance et la reconnaissance d’Eucor – Le Campus européen, nous souhaitons aussi que des projets jusqu’à présent menés de façon morcelée le soient sous une bannière commune, fédératrice.
J.P. : La recherche est désormais un axe prioritaire pour le Campus européen. Pour la même période 2016-2018, un autre projet Interreg vise à la constitution d’un cluster de recherche en durabilité écologique, sociale et économique dans le Rhin supérieur. L’idée est de mettre en réseau la communauté scientifique travaillant sur ces thématiques.
Comment imaginez-vous le Campus européen dans 10 ans ?
J.P. : Comme un pôle d’attraction et de renommée internationale, capable de porter des projets de recherche en son nom propre et attirant des financements publics et privés. Un campus attirant des étudiants internationaux, leur permettant de suivre des cours, dont certains en anglais, entre plusieurs campus. Ou, pour un enseignant-chercheur basé à Strasbourg, lui offrant la possibilité de se déplacer à Bâle pour dispenser ses cours, par exemple.
A.G. : En revanche, la fusion n’est pas un horizon. Chaque université membre doit conserver l’identité, les projets et les spécificités qui lui sont propres.
J.P. : Un atout essentiel de la région du Rhin supérieur par rapport à d’autres groupements de coopération universitaire, c’est la proximité géographique de ses membres, doublée d’un fort maillage de transports. Nous avons toutes les cartes en main !
Piet, étudiant en master à Sciences po Strasbourg, naviguant entre la France et l'Allemagne, est un jeune dessinateur de presse talentueux formé au journalisme. Il nous livre dans ce dessin sa vision du Campus européen.
Venu au dessin de presse à la faveur d’une contestation lycéenne, Pierre, étudiant de Sciences po formé au journalisme entre Tours et Dortmund a fait de la relation franco-allemande l’un des sujets favoris de ses crayonnés satiriques. Au point d’y consacrer une exposition1, visible à l’université.
Un François Hollande transpirant et une Angela Merkel pincée, tournant le dos à un mendiant grec, à un Vladimir Poutine bodybuildé, à la dépouille du petit Aydan, à un combattant de Daech… le tout devant une perche à selfie. Sans compter le traité transatlantique qui s’incruste. L’affiche de l’exposition « En couple, mais c’est compliqué » réunit tous les ingrédients d’un bon dessin de presse : clins d’œil amusés à l’actualité, personnalités caricaturées immédiatement reconnaissables… Lorsqu’on lui demande qui, du président français ou de la chancelière allemande, est le plus facile à dessiner, Pierre répond sans hésiter, en habitué : « Les deux sont des bons clients ! » Derrière ce professionnalisme apparent, débrouillardise et bouts de ficelle restent les maîtres-mots de Piet (son nom de plume), 24 ans. La preuve : « Je me suis filmé seul en train de dessiner pour le teaser de l’expo. À force de pannes de batterie de mon appareil photo, j’ai fini par en acheter une deuxième ! » L’exposition qu’il vient de monter avec l’aide de l’université représente donc un grand bond en avant : « J’ai été agréablement surpris du soutien apporté par Sciences po ». Ce projet, pour lequel il a réuni autour de lui de jeunes dessinateurs amis et de nouvelles connaissances d’outre-Rhin, lui permet d’obtenir le statut d’étudiant artiste de haut niveau2.
« Remonté à bloc » après l’attentat de Charlie
À l’origine de l’envie de dessiner de Piet, il y a la réforme Darcos du lycée, en 2008. « J’étais contre, je ne sais plus pourquoi », se souvient-il avec un regard et un sourire malicieux. « J’ai pris le pseudo de Piet dès cet époque-là. Ça me plaisait, c’était incisif. » C’est ainsi que depuis, il signe ses contributions sur son blog Caricactus, pour le magazine eurocitoyen Le Taurillon, le magazine étudiant de l’Université de Dortmund Pflichtlektüre3 ou 8e étage. Ce site, auquel il collabore de façon bénévole, « traite de tout ce qui ne fait pas la une ailleurs, comme l’abstention des jeunes en Inde ». Pour modèles, il cite Soucié – « le meilleur » –, Aurel et bien-sûr, de Charlie Hebdo, Foolz et Tignous. Charlie, justement, lui évoque « une période de création fiévreuse, juste après les attentats ». Alors à Francfort-sur-l’Oder, pour sa première année de master à Sciences po, il se sent « un peu seul ». C’est à cette époque qu’il noue de nombreux contacts, via internet, avec d’autres jeunes dessinateurs. « Ça nous a tous remontés à bloc. »
Diplômé à la fin de cette année du master Politiques européennes de l’IEP, qu’il avait en vue dès ses premières années à l’IUT de journalisme, Pierre se prépare à intégrer l’Agence France Presse (AFP), pour son stage de fin d’études. « Je vais y couvrir les sessions du Parlement européen. » Intéressant d’un point de vue journalistique. Moins pour le dessin de presse. « Les visages de Martin Schultz et de Jean-Claude Juncker, personne ne les reconnaît ! » Pour la suite, il espère continuer sur la voie du franco-allemand. A décroché des piges à l’essai pour Karambolage, le magazine bi-culturel d’Arte. « Une très bonne piste… » Il ajoute, dans un sourire : « En combinant dessin de presse et journalisme, deux boulots précaires, j’arriverai peut-être à me dégager un salaire… »
1 Après la Misha, les planches de « En couple, mais c’est compliqué » sont visibles à Sciences po, 47 avenue de la Forêt-Noire, jusqu'au 17 mai 2016. Elle devrait ensuite rejoindre l’Allemagne.Pour la première fois, la rencontre annuelle des doctorants et masters anglicistes organisée depuis dix ans s’est déroulée sur deux jours, à Strasbourg. 38 étudiants originaires de quatre universités membres d’Eucor étaient réunis les 22 et 23 avril, pour échanger autour de leur recherche et s’enrichir mutuellement de leurs approches nationales.
Le but des rencontres Eucor English : permettre aux étudiants de master et doctorants issus des départements d’anglais des universités de Strasbourg, Mulhouse, Bâle et Fribourg, de présenter leurs travaux de recherche dans des groupes mêlant niveaux et universités d’origine. Chacun de ces ateliers était présidé par des doctorants strasbourgeois. Une vingtaine de leurs camarades étaient venus les écouter et les soutenir, pendant qu’ils étaient évalués par une quinzaine d’enseignants-chercheurs. Sept crédits ECTS sont en jeu pour les masters 2, présélectionnés lors d’une journée locale, en décembre ; pour les doctorants, le passage par la rencontre Eucor est devenue incontournable.
Linguistique, littérature, civilisation, études culturelles, du 18e au 21e siècle : les communications ont porté sur les différents domaines des études anglophones. La rencontre, ponctuée par une visite en anglais de la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU) et des temps conviviaux entre étudiants et professeurs, s’est conclue par la présentation, par Philipp Schweighauser, de Bâle, du programme de recherche qu’il conduit sur “Writing literature, filming culture : the poetry and multimedial ethnographic work of Edward Sapir, Ruth Fulton Benedict and Margaret Mead”. Les débats, fournis, ont été enrichis par les approches sensiblement différentes des Allemands, Français et Suisses. Une nouvelle dynamique a ainsi pu être donnée à ces rencontres, dans la foulée du 20e anniversaire d’Eucor English célébré à Fribourg, en décembre 2015, par le prix de la meilleure thèse du réseau angliciste, remporté par la Strasbourgeoise Laurie Béreau. Rendez-vous est d’ores et déjà pris pour la prochaine édition, qui se déroulera à Bâle l’an prochain.
Elle est allemande, il est français. Ils se sont rencontrés à Paris et vivent aujourd’hui à Strasbourg, travaillent tous deux à la Faculté de chimie. Le franco-allemand, c’est leur quotidien depuis près de 20 ans. Ils l’incarnent.
Gilles est maître de conférences à la Faculté de chimie, chercheur au sein du laboratoire de Chémoinformatique (UMR 7140, Chimie de la matière complexe). Kristin est chargée de mission pour les projets internationaux à la Faculté de chimie. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas Strasbourg qui les a réunis, même s’ils sont heureux d’y vivre aujourd’hui. En fait, ils se sont rencontrés à Paris, en 1998, dans une résidence universitaire de l’École normale supérieure qui les hébergeait, l’un pendant son DEA, l’autre à l’occasion d’une mobilité en France dans le cadre de ses études à l’Université de Leipzig. « Gilles travaillait tous les soirs avec un étudiant italien qui vivait dans la chambre à côté de la mienne. Voilà, c’est aussi simple que ça », raconte Kristin.
Après quelques années de vie « à distance » par la force des choses (elle à Leipzig, à Chicago, puis à Aix-la-Chapelle, lui à Bordeaux, à Milan, puis à Strasbourg), Kristin et Gilles décident de se marier et de travailler sérieusement à leur rapprochement géographique. En 2006, l’histoire s’accélère : un bébé se profile, tandis que Gilles décroche un poste de maître de conférence à la Faculté de chimie : le famille se regroupe à Strasbourg.
Un bienheureux hasard
« Cela s’est fait par hasard, mais en même temps, Strasbourg s’est révélé un lieu idéal de vie pour notre famille binationale, témoigne Gilles. Un des rares endroits en France où nous pouvions espérer travailler tous les deux. » Néanmoins, Kristin a eu réellement beaucoup de mal à trouver du travail avec ses diplômes allemands, ni connus, ni reconnus en France. De plus, l’effet « réseau » qui fonctionne bien pour trouver un emploi à la fin de ses études se perd quand on part à l’étranger. Bref, Kristin a dû reprendre ses études et décrocher un master de Sciences Po (politiques européennes) pour réussir à trouver un job : d’abord à la cellule Europe de la Direction de la recherche de l’Université, puis au sein de la Faculté de chimie. « Ce n’est pas aussi évident qu’on peut le croire, témoigne-t-elle. Pourtant, en Alsace au moins, le fait d’être germanophone est valorisé, la double culture est bien vue. Mais cela ne suffit pas forcément. »
Strasbourg offre aussi à leurs deux filles la possibilité de suivre leur scolarité dans des établissements bilingues. « À la maison, on parle français, car Gilles comprend l’allemand mais ne le parle pas très bien. Quant à moi, j’ai toujours parlé allemand avec les filles, mais seul le bilinguisme à l’école leur permettra de maîtriser les deux langues. »
Chez eux, le franco-allemand, c’est donc très concret, cela vit et existe au quotidien. « Nous considérons que notre binationalité est une chance, un enrichissement », précise Gilles. Au niveau alimentaire, c’est plutôt Kristin qui s’est adaptée aux rythmes français (avec des repas structurés) et à la cuisine alsacienne. « J’ai été élevée en Europe de l’Est. Régime choux-pommes de terre, alors les saveurs de la cuisine française me réjouissent », précise-t-elle. Le plus difficile pour elle : les jeux de mots si présents dans la langue française, et rares en allemand. Allez, dans dix ans, ça aussi, ça roulera…
Caroline Laplane
La communauté germanophone à l’Unistra :
Déployé de part et d’autre du Rhin, le réseau Rarenet réunit une trentaine de partenaires français, allemands et suisses, tous mobilisés pour améliorer la prise en charge des patients touchés par les maladies auto-immunes et les maladies bucco-dentaires rares.
Universités, centres hospitaliers, industriels, associations de professionnels de santé et de patients… Les partenaires du programme Rarenet1 sont multiples, mais ils partagent tous la même détermination. « L’objectif de ce consortium est d’améliorer le diagnostic et la prise en charge des patients touchés par les maladies rares, grâce aux progrès de la recherche médicale », explique la responsable du projet, Agnès Bloch-Zupan, professeur des universités et praticien hospitalier de la Faculté de chirurgie dentaire.
Les pathologies visées concernent plus spécifiquement les maladies auto-immunes (sous la direction du professeur Anne-Sophie Korganow) et les maladies rares à expressions bucco-dentaires. Le réseau, qui s’appuie notamment sur l’expertise scientifique acquise à travers deux programmes de recherche consacrés à ces maladies2, mise cette fois sur le partage, la mutualisation et la diffusion des connaissances.
Un programme de formations et d’échanges interdisciplinaires
Rarenet propose un vaste programme de formations et d’actions de sensibilisation ciblées selon les besoins de chacun : des médecins ou chirurgiens-dentistes au patient, en passant par le personnel scientifique et technique du projet (biologistes, généticiens, informaticiens…). « Le consortium intègre par exemple le centre de santé dentaire de la ville de Strasbourg, qui effectue des visites médicales dans les écoles, explique Agnès Bloch-Zupan. Ses intervenants seront formés à la reconnaissance des symptômes caractéristiques de maladies rares. » Un meilleur diagnostic clinique est en effet indispensable pour identifier et orienter vers une prise en charge adaptée des patients trop souvent isolés ou contraints à l’errance médicale.
Les informations collectées par les différents acteurs viendront enrichir une banque de données médicales, génétiques et biologiques. Structurée et dupliquée au sein du réseau, cette biothèque sera accessible aux différents partenaires. « Agrandir le recueil de ces données à l’échelle de la région tri-rhénane nous permettra de cibler des groupes de patients plus importants, précise Agnès Bloch-Zupan. C’est une démarche essentielle pour l’amélioration des soins et l’étude de ces maladies. »
Eucor au cœur de Rarenet
Avec la présence d’équipes de l’Hôpital universitaire de Fribourg et de l’Université de Bâle, Eucor - Le Campus européen est partie prenante du programme. Les équipes allemandes, spécialisées dans les affections osseuses, dentaires et auto-immunes, partageront leurs expertises et s’impliqueront dans la prise en charge locale des patients et l’étude des répercussions sur leur qualité de vie. Le partenaire bâlois tirera profit de la synergie de compétences du réseau pour mettre en place une nouvelle structure d’accueil et de soins, à l’image des centres français de références maladies rares. « La présence d'Eucor est un réel atout, se réjouit Agnès Bloch-Zupan. Grâce à cette visibilité, nous espérons bien sûr intégrer de nouveaux partenaires concernés par les maladies rares. »
1 Projet Interreg VA Rhin supérieur (2016-2018), cofinancé par le Fonds européen de développement régional de l’Union européenne (Feder)
2 Projets Interreg IV Rhin supérieur Manifestations bucco-dentaires des maladies rares (Offensives science A27, 2012-2015) et Lupus biobanque du Rhin supérieur (LBBR, 2011 – 2014), cofinancés par le Feder de l'Union européenne
Avec l’inauguration d’Eucor – Le Campus européen et le renforcement de la coopération trinationale, le besoin de connaissance des systèmes universitaires des partenaires augmente. Dans ce contexte, l’Université de Strasbourg propose une formation « L’enseignement supérieur et la recherche en Allemagne, en France et en Suisse » au personnel administratif et aux enseignants-chercheurs des universités membres du Campus européen le 19 mai 2016.
Organisée par l’Euro-Institut, organisme biculturel franco-allemand, la formation d’une journée est ouverte au personnel des cinq universités d'Eucor – Le Campus européen. Avec un total de 75 stagiaires inscrits, dont 25 personnes des établissements partenaires, elle répond à un besoin de tous les collaborateurs du Campus européen qui travaillent déjà ensemble ou qui souhaitent coopérer à l’avenir.
Le programme comprend différentes thématiques concernant les systèmes d’enseignement supérieur des trois pays et leur fonctionnement :
Pour chaque thématique, des intervenants français, allemands et suisses présenteront le fonctionnement et la structuration du système académique de leurs pays. La formation a été initiée par le Bureau de la formation continue des personnels de l’Unistra en coopération étroite avec Joern Pütz, vice-président délégué aux relations franco-allemandes, et Aurelle Garnier, coordinatrice Eucor – Le Campus européen.
M. H.-S.
Deux stages intensifs d'allemand sont proposés aux étudiants de l'Université de Strasbourg envisageant une mobilité dans un pays germanophone, en particulier dans le cadre du Campus européen.
Du lundi 13 au vendredi 17 juin 2016 ou du lundi 20 au vendredi 24 juin 2016, deux stages intensifs d'allemand d'une semaine sont organisés par la Direction des relations internationales. Ils sont réservés aux étudiants à partir du niveau licence 3, désireux d'intégrer un cursus franco-allemand ou envisageant une mobilité académique en Allemagne, en Autriche ou en Suisse. Ce stage, basé sur le volontariat, ne remplace pas une formation en langue, et exige un niveau minimum de langue B2. Ce stage est gratuit et accessible sur inscription avant le 30 mai.
La Maison universitaire internationale propose également, en mai, des ateliers de préparation interculturelle et linguistique aux étudiants envisageant une mobilité dans les pays germanophones, d'une durée maximum de 10 heures.
Dans le cadre du projet transfrontalier NeuroCampus*, rattaché à Eucor, l'association Neurex associée à l'Université de Strasbourg présente Vice cachet, une pièce de théâtre originale parlant de cerveau et d'actualité, vendredi 20 mai, au Vaisseau.
Interprétée par le collectif étudiant DoctoNeuro, Vice cachet met en scène des cellules du cerveau confrontées aux réalités de l'industrie du médicament.
Le corps est à court de liquide. Pour renflouer les caisses de l'organisme, le gouvernement cérébral des Noyaux Unis décide de faire appel à une entreprise pharmaceutique privée. Cette initiative a un coût : la prise d'un médicament-test contre rémunération entraîne des effets secondaires indésirables, des mouvements sociaux dans le sang et le tube digestif. En catastrophe, le gouvernement cérébral dépêche en périphérie la séduisante neurone Angelina Golgi et l'hormone vulgaire Sophie Tocyne. À charge pour elles de faire la lumière sur les troubles qui perturbent la circulation et secouent le gros intestin.
Cette pièce s'inscrit dans le projet transfrontalier NeuroCampus, labellisé Eucor, qui vise notamment à rendre accessible à tous les publics les connaissances issues de la Recherche en Neurosciences dans la vallée du Rhin supérieur. En tant que coordonnateur de ce projet, l'association Neurex prend l'initiative de présenter les neurosciences, à travers ce spectacle, sous une forme divertissante et drôle. Pour donner l'envie d'en savoir plus.
Envoyez votre info à medias@unistra.fr avant le mardi 24 mai midi pour une parution le vendredi 27 mai 2016. Consultez les dates des prochains numéros.